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Article 19 Juin, 2024

La loi du sol

Endashaw Mogessie, Directeur du Consortium éthiopien pour la population, la santé et l’environnement, explique comment la gouvernance autochtone traditionnelle a contribué à l’épanouissement d’une zone protégée autrefois indésirable.

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Senkelle Swayne’s hartebeest sanctuary is home to at least 36 mammal and 191 bird species

Le bubale de Swayne (Alcelaphus buselaphus swaynei) est une antilope menacée endémique de l’Ethiopie. Deux des plus grandes populations restantes se trouvent dans Senkelle Swayne’s Hartebeest Sanctuary (SSHS) et le Maze
National Park.

Le SSHS a été mis en place par l’Autorité éthiopienne pour la conservation de la faune et la flore (EWCA) en 1976 pour protéger le bubale. Il s’agit de la plus petite zone protégée d’Éthiopie (54 km²). La zone est entourée d’habitations humaines de tous les côtés, sauf à l’est, et les résidents à proximité ont été impactés de façon significative par les nouvelles règles mises en place en termes d’accès aux ressources et de limitations du développement. La gestion non participative de la SSHS ayant également un impact sur les droits d’utilisation traditionnels de la communauté, les habitants se sont sentis abandonnés.

Après l’effondrement du gouvernement Derg en 1991, les locaux ont cherché à se venger en chassant tous les bubales qui croisaient leur chemin, à l’intérieur et à l’extérieur du sanctuaire. Entre 1991 et 1992, la population est passée d’environ 3 500 animaux à moins de 70.

Le système Gada est le système démocratique de gouvernance autochtone utilisé par le groupe ethnique Oromo en Ethiopie. L’un des leaders traditionnels du clan, Aba Gada Worena Jarra Jarso, se préoccupait particulièrement de l’extermination agressive du bubale de Swayne. Il a réunit les populations locales dans la ville proche de Senbete et a lancé la discussion sur la préservation des antilopes restantes. Il a exhorté les voisinages à envisager les ramifications de l’éradication permanente des espèces, en demandant aux leaders et anciens des autres communautés (connus sous le nom d’Aba Gada) :


Que pensera le Créateur de nous quand elles seront éteintes ?

Les Aba Gadas ont formé un comité pour s’occuper du sanctuaire et protéger le bubale de Swayne. Ils ont décidé de nommer le bubale le 29ème sous-clan membre d’un clan local connu sous le nom d’Hambentu. À partir du 15 juin 1993, une personne chassant l’un de ces animaux serait pénalisée par les autorités de Gada de la même façon que s’ils avaient tué un membre humain du clan.

Par conséquent, les tueries de bubale de Swayne ont cessé, et la population a significativement augmenté. L’instauration de règles basées sur le système Gada a changé les attitudes de la communauté, qui est désormais une alliée de l’espèce et de la protection du SSHS. Il y a désormais plus de 800 bubales de Swayne.

De nombreux auteurs suggèrent que la reconnaissance de lois coutumières est importante pour l’utilisation durable des ressources naturelles de notre planète (UICN, 2011). La mise en place d’une loi coutumière traditionnelle développée par le peuple Oromo (système Gada) et le peuple Sidama (système Sera), ainsi que la gestion du SSHS par l’EWCA, se sont avérées essentielles pour la conservation de la faune et des ressources biophysiques du sanctuaire.

Le conflit communautaire a été réduit et les communautés locales bénéficient désormais du broutage dans des zones spécifiées et de la production du matériel culturel vendable, comme l’herbe pour la chaume. Une loi coutumière traditionnelle similaire a depuis été adoptée dans le parc national d’Abijatta-Shalla en Éthiopie, et nous avons partagé nos expériences à d’autres régions et mené des programmes de sensibilisation dans diverses publications et médias.