Espèces envahissantes et changement climatique : un “duo mortel”, selon des scientifiques de haut niveau
Les espèces envahissantes et le changement climatique représentent deux menaces majeures pour le monde naturel. Leurs effets associés sont ravageurs pour l’environnement, mais ils peuvent aussi coûter aux pays 10% de leur produit intérieur brut. Dans un rapport publié cette semaine à Nagoya (Japon), des scientifiques appellent les Etats à prendre des mesures immédiates contre le « duo mortel ».
Une étude du Programme mondial sur les espèces envahissantes (GISP), avec l’appui de ses partenaires, CABI, l’UICN et TNC, financé par la Banque mondiale, définit les liens entre les espèces envahissantes et le changement climatique et examine les moyens permettant d’atténuer leur impact. Le rapport, intitulé Espèces envahissantes, changement climatique et adaptation axée sur les écosystèmes: une réponse aux moteurs multiples des changements planétaires, appellent les gouvernements à intégrer la prévention et la gestion des espèces envahissantes dans leurs réponses au changement climatique. Sur le plan politique, les espèces envahissantes et les changements climatiques sont traités en général séparément.
« Les dangers posés par ce « duo mortel » ne peuvent être surestimés », dit Sarah Simons, Directrice exécutive du GISP. « Chaque moteur du changement représente une menace énorme pour la biodiversité et les moyens d’existence humains, mais les données les plus récentes indiquent que le changement climatique aggrave les effets déjà dévastateurs des espèces envahissantes, créant ainsi une spirale destructrice qui entraîne des conséquences de plus en plus terribles. »
Les dommages causés par les espèces envahissantes à l’échelle mondiale sont estimés à plus de 1 400 milliards de dollars, c’est-à-dire l’équivalent de 5% de l’économie mondiale. Les pertes économiques liées au changement climatique planétaire sont également estimées à près de 5% du PIB annuel.
”Le changement climatique fait déjà l’objet d’une grande attention chez les chercheurs et les politiques », dit Bill Jackson, Directeur général adjoint de l’UICN, « mais ce rapport souligne le besoin de se pencher davantage sur les effets combinés du changement climatique et des espèces envahissantes. L’importance des coûts financiers de l’inaction devrait, à elle seule, inciter les décideurs à agir immédiatement ».
La fièvre catarrhale ovine, qui pendant la seule année 2007 a coûté plus de 200 millions de dollars ; Miconia calvescens, une plante envahissante qui, associée à de fortes pluies, accroît le risque de glissements de terrain, et le champignon Batrachochytrium dendrobatidis, dont on pense qu’il a contribué à une extinction massive d’espèces d’amphibiens, principalement tropicaux, représentent quelques exemples de la propagation d’espèces envahissantes liée au changement climatique.
« Heureusement, nous connaissons déjà un grand nombre d’actions nécessaires afin de contrebalancer les risques que font peser les espèces envahissantes sur des services vitaux apportés par les écosystèmes, comme la lutte contre l’érosion et l’approvisionnement en eau douce, » dit Stas Burgiel, Directeur des politiques du GISP et auteur principal du rapport. « L’approche écosystémique n’est pas destinée uniquement à sauver les écosystèmes, mais plutôt à les utiliser pour aider à « sauver » les populations humaines et les ressources dont nous dépendons. »
Le GISP appelle les délégués à la réunion de la Convention des Nations Unies sur la diversité biologique, réunie actuellement à Nagoya (Japon), à tenir compte du “duo mortel” en tant que moteur du changement planétaire.
Pour lire le texte complet du rapport :
Notes pour les rédacteurs:
Le GISP est un partenariat international à but non lucratif regroupant CABI, l’UICN et The Nature Conservancy. Il a pour but de répondre à la menace planétaire que représentent les espèces envahissantes à travers trois grands axes d’activités : orientations en matière de politiques, renforcement des capacités et sensibilisation.
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• Nicki Chadwick, Relations médias UICN, mobile +41 79 528 3486 (Suisse), +81 80 3462 3552 (Japon);
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