La menace d’extinction s’intensifie sur les espèces les plus proches de l’homme
Les espèces les plus proches de l’homme – les singes, les grands singes et autres primates du monde – sont en train de disparaître. Certaines sont littéralement dévorées jusqu’à l’extinction.
La première revue exhaustive en cinq ans des 634 espèces mondiales de primates a montré que près de 50% d’entre elles sont en danger d’extinction, selon les critères de la Liste rouge des espèces menacées de l’UICN™.
Le rapport, rédigé par les plus grands experts mondiaux sur les primates et rendu public lors du 22ème Congrès de la Société internationale de primatologie à Edinbourg en Écosse, dresse un portrait effrayant de l’état des primates partout dans le monde. En Asie, plus de 70% des espèces de primates sont citées sur la Liste rouge de l’UICN dans les catégories "vulnérable", "en danger" ou "en danger critique d’extinction", ce qui signifie qu’elles peuvent disparaître à tout jamais dans un futur proche.
Les principales menaces sont la destruction de l’habitat par les incendies et le défrichement des forêts tropicales, qui sont également la cause d’au moins 20% des émissions de gaz à effet de serre à l’origine des changements climatiques, ainsi que la chasse des primates pour l’alimentation et le commerce illégal de la faune sauvage.
« Depuis plusieurs années, nous avons tiré le signal d’alarme sur la situation des primates, mais nous disposons aujourd’hui de données concrètes qui montrent que la situation est beaucoup plus grave que celle que nous avions imaginée » constate Russell A. Mittermeier, président de longue date du Groupe de spécialistes des primates de la Commission de la sauvegarde des espèces de l’UICN et président de Conservation International (CI). « La première source de menace a toujours été la destruction de la forêt tropicale, mais il semble aujourd’hui que la chasse est une menace tout aussi grave dans certaines régions, même lorsque l’habitat y est encore intact. À certains endroits, les primates sont littéralement dévorés jusqu’à l’extinction. »
L’étude, financée par CI, la fondation Margot Marsh pour la biodiversité, Animal Kingdom de Disney et l’UICN, rentre dans le cadre d’un examen sans précédent de l’état des mammifères dans le monde, document qui sera rendu public lors du Congrès mondial de la nature de l’UICN à Barcelone en octobre.
L’étude sur les primates a reçu la contribution de centaines d’experts mondiaux et fournit des données scientifiques illustrant les graves menaces qui pèsent sur ces espèces à l’ADN pratiquement similaire à celui de l’homme. Au Vietnam et au Cambodge, environ 90% des espèces de primates sont considérées menacées d’extinction. Les populations de gibbons, de semnopithèques, de langurs et d’autres espèces ont baissé à cause de la perte accélérée de l’habitat qui est aggravée par la chasse pour l’alimentation et pour répondre à la demande commerciale de faune sauvage pour la médecine traditionnelle chinoise et les animaux de compagnie.
« Ce qui se passe en Asie du Sud-est est terrifiant » affirme Jean-Christophe Vié, Directeur adjoint du programme sur les espèces de l’UICN. « Un telle situation, où un groupe d’animaux soit aussi menacé, est inédite au sein d’autres groupes d’espèces »
Ailleurs, la survie d’autres espèces est menacée, des minuscules lémuriens microcèbes aux gigantesques gorilles des montagnes. En Afrique, 11 des 13 espèces de colobes bais connues sont considérées "en danger critique d’extinction" ou "en danger". Deux espèces sont peut-être déjà éteintes : le colobe bai de Bouvier (Procolobus pennantii bouvieri) n’a pas été vu depuis 25 ans tandis qu’aucun représentant vivant du colobe bai de Miss Waldron’s Red Colobus (Procolobus badius waldroni) n’a été observé par un primatologue depuis 1978 malgré des rumeurs occasionnelles sur sa survie.
Selon Richard Wrangham, président de l’IPS « parmi les espèces africaines, ce sont les grands singes comme les gorilles et les bonobos qui ont généralement canalisé l’attention. Même si ces espèces sont très menacées, ce sont les plus petits primates comme les colobes bais qui pourraient disparaître en premier. »
En tant qu’espèces qui nous sont les plus proches, les primates non-humains sont importants pour la santé de leurs écosystèmes. A travers la dispersion des graines et d’autres interactions avec leur environnement, les primates contribuent au maintien de la vie de nombreuses espèces végétales et animales des forêts tropicales du monde. Des forêts en bonne santé fournissent des ressources essentielles aux populations humaines locales tout en absorbant et en stockant du dioxyde de carbone à la source des changements climatiques.
Entretemps, les chercheurs continuent à améliorer leurs connaissances des primates du monde et de leur rôle. Depuis 2000, 53 espèces de primates jusque là inconnus pour la science ont été décrits - 40 de Madagascar, deux primates d’Afrique, trois d’Asie et huit d’Amérique du Centre et du Sud. En 2007, des chercheurs ont trouvé une population, qui avait fait longtemps l’objet de nombreuses rumeurs, de grands hapalémurs (Prolemur simus), une espèce en danger critique d’extinction, dans une zone humide située à 400 kilomètres du seul territoire connu de l’espèce. Cette espèce compte au total environ 140 individus à l’état sauvage.
Malgré ce sombre état des lieux, les responsables de la conservation attirent l’attention sur un succès notable suite aux efforts de réhabilitation des espèces. Au Brésil, le tamarin-lion noir (Leontopithecus chrysopygus) et le tamarin-lion doré (Leontopithecus rosalia) sont passés de la catégorie "en danger critique d’extinction" à "en danger" en 2003, grâce à des efforts de conservation impliquant de nombreuses institutions pendant trois décennies. Les populations de ces deux espèces sont aujourd’hui bien protégées mais restent très petites, nécessitant un reboisement urgent pour leur fournir un nouvel habitat nécessaire à leur survie à long terme.
« Si vous avez des forêts, vous pouvez sauver les primates » affirme Anthony Rylands, chercheur à CI et vice-président du Groupe de spécialistes des primates de l’UICN.Ìý« Le travail entrepris avec les tamarins-lions montre que la conservation des fragments forestiers et le reboisement pour créer des corridors entre ces fragments ne sont pas seulement essentiels pour les primates mais contribuent fortement au maintien d’écosystèmes en bonne santé et des ressources en eau, tout en réduisant les émissions de gaz à effet de serre à l’origine des changements climatiques. »
Les chercheurs envisagent également de faire passer le gorille de montagne (Gorilla beringei beringei) de la catégorie "en danger critique d’extinction" à "en danger" au vu de l’augmentation de ses populations dans son unique habitat – les jungles de montagne protégées du Rwanda, de l’Ouganda et de la République démocratique du Congo. Cependant, le massacre de huit gorilles de montagne en 2007 et les troubles politiques qui perdurent dans la région ont retardé cette reclassification prévue.
La Liste rouge de l’UICN détermine un ensemble de critères permettant de classer une espèce comme menacée. En l’absence des informations nécessaires, l’espèce peut être classée dans la catégorie "données insuffisantes", dans laquelle près de 15% des primates se trouvent selon cette nouvelle étude. Plusieurs de ces espèces, et en particulier celles qui viennent d’être découvertes, devraient finir dans la catégorie des espèces menacées.
Note aux rédacteurs
Pour obtenir la liste des évaluations de toutes les espèces et sous-espèces de primates qui vont être incluses dans la version 2008 de la Liste Rouge des espèces menacées de l’UICN en 2008 (www.iucnredlist.org) qui va paraître en octobre, veuillez consulter le site web du Groupe de spécialistes des primates de la CSE/UICN (www.primate-sg.org)
Des photos sont disponibles sur :
Video B-roll disponible.
Pour plus d’informations ou un entretien, nous vous invitons à contacter :
• Sarah Horsley, Responsable des relations médias UICN, +41 22 999 0127; Cellulaire: +41 79 24 72 926; Fax: +41 22 999 0020; [email protected];
• Tom Cohen, Conservation International, +1 202 257 9954, [email protected]
³¢â€™U±õ°ä±·, l’Union internationale pour la conservation de la nature aide le monde à trouver des solutions à nos défis les plus urgents en matière d’environnement et de développement, en soutenant la recherche scientifique, en gérant des projets partout dans le monde, et en réunissant des gouvernements, des ONG, les Nations unies, les conventions et les sociétés internationales afin de développer ensemble des politiques, des lois et de bonnes pratiques.
L’UICN est le plus ancien et le plus vaste réseau environnemental du monde. L’UICN est une union démocratique de plus de 1 000 membres, gouvernements et ONG, et de quelque 11.000 scientifiques bénévoles répartis dans plus de 160 pays. Le travail de l’UICN est soutenu par plus d’un millier de professionnels dans 60 pays et par des centaines de partenaires des secteurs publics et privés et des ONG dans le monde entier. Le siège de l’UICN se trouve à Gland, près de Genève en Suisse. .
Le Programme de l’UICN pour les espèces soutient les activités de la Commission de la sauvegarde des espèces de l’UICN et de ses groupes de spécialistes, tout en appliquant des initiatives de conservation des espèces au niveau mondial. Il fait partie intégrante du Secrétariat de l’UICN et il est géré depuis le Siège international de l’UICN à Gland en Suisse. Le Programme pour les espèces comprend plusieurs unités techniques qui se consacrent au commerce des espèces sauvages, à la Liste rouge, aux évaluations de la biodiversité des eaux douces (toutes se trouvent à Cambridge, Royaume-Uni) et à l’initiative d’Évaluation de la biodiversité mondiale (située à Washington, DC États-Unis).
Conservation International (CI) exploite les innovations dans le domaine des sciences, de l’économie, de la politique et de la participation communautaire pour protéger les régions du monde les plus riches en diversité végétale et animale mais également les plus menacées (hotspots de la biodiversité), les grandes étendues sauvages à forte biodiversité ainsi que les principaux écosystèmes marins. CI, dont le siège se trouve dans la région de Washington, D.C, travaille dans plus de 40 pays sur 4 continents. Pour plus d’informations sur CI, visiter .
The International Primatological Society (IPS) ou la société internationale de primatologie a été créée pour encourager tous les domaines de la recherche sur les primates non-humains, pour faciliter la coopération entre les chercheurs de toutes nationalités impliqués dans la recherche sur les primates, ainsi que pour encourager la conservation de l’ensemble des espèces de primates. L’IPS est organisée exclusivement à des fins de recherche et d’éducation non-caritatives. Pour plus d’informations sur l’IPS, visiter .
Ìý