Un “non” franc et massif contre les extractions au sein des sites du patrimoine mondial
Suivant les conseils de l’UICN, le Comité du Patrimoine Mondial a envoyé un message fort aux industries pétrolières et autres industries extractives afin que celles-ci n’opèrent pas au sein des sites relevant du patrimoine de l’humanité, ou patrimoine mondial. Ce message a pris place au sein de discussions sur les sites du patrimoine mondial aujourd’hui en danger, comme l’emblématique parc national africain de Virunga, à l’occasion de la réunion annuelle du Comité du Patrimoine Mondial organisée à Doha (Qatar).
Quatre jours avant que ne commence la réunion, la compagnie pétrolière anglaise SOCO a annoncé son intention d’éviter les sites appartenant au patrimoine mondial ainsi que de stopper sous 30 jours toute activité exploratoire menée dans le parc national de Virunga, « sauf si l’UNESCO et le gouvernement de RDC s’accordent à dire que de telles activités ne sont pas incompatibles avec son statut de patrimoine de l’humanité ».
Deux jours avant, le Comité du Patrimoine Mondial de l’UNESCO et l’UICN s’étaient unis pour répondre d’une seule et même voix : Quelle que soit la partie du monde concernée, aucune compagnie extractive ne devrait entreprendre de réaliser des activités d’exploration ou d’extraction au sein des sites appartenant au patrimoine de l’humanité.
« Il existe un consensus sur le fait que les industries extractives ne sont pas compatibles avec le statut de patrimoine mondial », affirme Tim Badman, directeur du programme de l’UICN pour le Patrimoine mondial et organe consultatif auprès de l’UNESCO pour le patrimoine mondial naturel. « Si cela fait 20 ans que Virunga est qualifié d’ « en danger », il n’a pourtant pas perdu ses valeurs exceptionnelles, et les efforts internationaux se concentrent toujours sur sa conservation ».
Dernièrement, de profondes préoccupations avaient été exprimées suite aux concessions pétrolières cédées à TOTAL et SOCO à Virunga. Heureusement, les compagnies se sont toutes deux engagées au principe du « no-go » s’appliquant aux sites appartenant au patrimoine mondial. Subsistent cependant certaines inquiétudes, attachées au fait que les frontières de Virunga pourraient être modifiées si du pétrole était trouvé.
«Les sites du Patrimoine Mondial ne devraient pas être modifiés au gré des intérêts de l’exploitation pétrolière », explique Cyril Kormos, vice-président de la Commission mondiale de l’UICN sur les aires protégées. « Après les appels répétés du comité du patrimoine mondial pour arrêter les opérations d’extraction dans le parc national de Virunga, nous sommes heureux de constater que SOCO reconnaît ses responsabilités. Il s’agit là d’un pas important dans la bonne direction ».
Le parc national de Virunga a la plus haute concentration de biodiversité de tout le continent africain. Des volcans à la savane semi-aride, ses ressources naturelles dépendent principalement de l’eau douce fournie par le lac Edward, dont une large partie est concernée par l’exploration potentielle de SOCO. Le lac revêt également un aspect critique au regard des 50 000 familles dont les conditions de vie sont basées sur des activités de pêche. Au travers des années, le plus ancien parc national d’Afrique a fait face à de nombreuses menaces telles que les conflits armés, le braconnage et la production illégale de charbon de bois. Si l’on compte seulement les quatre dernières années, 16 rangers du parc ont été tués pendant leur service. Malgré tout cela, Virunga a été capable de maintenir ses valeurs, en partie grâce aux mesures d’urgence et aux extraordinaires efforts de conservation fournis par la gestion du parc. Les discussions du comité sur les sites du patrimoine mondial menacés ou faisant face à de sérieux problèmes de conservation se terminent aujourd’hui à Doha, Qatar.
Pour plus d’informations :
Célia Zwahlen, ϲʿֱֳ World Heritage Programme Communications, [email protected]