Paix, migrations et changements environnementaux
Nouvelles du CEESP: par Galeo Saintz et Elaine Hsaio, présidents du Thème sur l'environnement et la paix du CEESP
Il est largement reconnu que les migrations des êtres humains et d'autres espèces devraient connaître une augmentation considérable en raison des changements environnementaux (par ex. changements climatiques et dégradations environnementales) et des conflits violents. Ces deux catégories de changement peuvent accélérer et exacerber les migrations et entraîner ainsi des impacts directs et indirects pour la conservation.Â
La CNULCD prévoit que pourraient être chassées par la sécheresse d'ici 2045 (CNULCD 2019). La Banque mondiale estime que les migrations internes induites par le climat pourraient concerner de personnes pour les seules régions de l'Afrique subsaharienne, l'Amérique latine et l'Asie du Sud (Rigaud et al.2018). L'IPBES indique que pourraient être déplacées en raison de la dégradation des terres et du changement climatique d'ici 2050 (IPBES 2018). Ces prévisions ne sont pas négligeables et peuvent avoir un impact sur les progrès vers les objectifs de développement durable (ODD) et la conservation de la biodiversité.Â
Les déplacements des êtres humains se croisent et s'entremêlent avec les migrations d'autres espèces, et les deux sont liés aux changements environnementaux et aux conflits. Les changements environnementaux et en particulier les conflits violents peuvent accélérer et exacerber les migrations et les impacts directs et indirects de ces migrations sur l'environnement. La conservation elle-même a également provoqué des déplacements de populations et peut provoquer des conflits. Pourtant, nous en savons assez peu sur ces migrations croisées.
Dans ces circonstances, les impacts varient selon la catégorie de population touchée (par exemple, les populations marginalisées, les femmes ou les enfants), de même que selon les différents écosystèmes ou les différentes espèces. Cela met en évidence le besoin urgent de combler les lacunes dans les connaissances, les politiques et les pratiques grâce à des recherches solides, des stratégies de communication transformatrices et des solutions basées sur la nature ou d'autres types de solutions.
Le groupe de travail
Un a été créé par le Thème sur l'environnement et la paix du CEESP de l'UICN. Ce groupe multipartite et interdisciplinaire est composé de praticiens, décideurs et chercheurs (par ex. des entités de l'UICN, des organes des Nations Unies, des organisations humanitaires, l', des universitaires et des ONG de conservation). Il vise à évaluer de manière critique et synthétiser les informations existantes et identifier les lacunes dans les connaissances sur les liens entre changements environnementaux, migrations des êtres humains et des autres espèces et conflits violents, afin d’aider les praticiens de la conservation et les décideurs dans la prise en compte des facteurs et des impacts grâce à des solutions basées sur la nature ou d'autres types de solutions.Â
Le rapport : Populations et nature en mouvement
Pour son premier projet, le groupe de travail prépare un rapport pour le Congrès mondial de la nature 2020 à Marseille, intitulé : People and Nature on the Move – Human and Wildlife Migrations at the Intersection of Environmental Change and Conflict (Populations et nature en mouvement - Migrations de populations humaines et d'animaux sauvages au croisement entre changements environnementaux et conflits).
La structure du rapport suit les parcours migratoires en examinant les différentes dynamiques rencontrées aux points de départ, en transit ou pendant le déplacement, et dans les destinations (finales) ou les lieux de (ré)installation, qui peuvent ou non être les mêmes que le point de départ de la migration. Chaque étape située le long de ces parcours de migration présente des défis et des opportunités liés à l'économie politique, au droit et aux politiques, aux récits de migration et aux intérêts de conservation (par exemple, les écosystèmes sensibles ou les espèces menacées).Â
Les chercheurs espèrent que les résultats du rapport permettront de transformer et renforcer l’information du public et les débats autour des migrations et de la sécurité, actuellement dominés par des récits néo-malthusiens fondés sur la peur et la rareté, voire racistes, qui créent des tensions et alimentent les conflits entre les communautés migrantes et les communautés d'accueil – le tout pouvant avoir des impacts importants sur les zones et les intérêts de conservation.Â
Conférence et atelier EnPax
Les Coprésidents du groupe de travail, Galeo Saintz et Richard Matthew, avec les participants à Zoom en arrière-plan à l'atelier du groupe de travail (Crédit photo : Jason Houston).
En prévision du lancement par le Congrès mondial de la nature 2020 du rapport du Groupe de travail, un certain nombre de membres se sont réunis avant la Conférence sur la consolidation environnementale de la paix d'octobre 2019 pour participer à un Cet atelier a débattu des concepts de migration, des solutions basées sur la nature et de la nécessité d'inclure l'économie politique pour mettre en évidence les interrelations complexes en jeu dans la dynamique des migrations. L'atelier a présenté un avant-projet révisé du rapport du Groupe de travail (voir le compte rendu de la réunion ).
Lors de la conférence EnPax, Galeo et Elaine ont co-modéré une table ronde sur le thème , à laquelle ont participé le coprésident du groupe de travail Richard Matthew (UC Irvine), Lauren Herzer-Risi (Wilson Center), Geoffrey Dabelko (Université d'Ohio), Païvi Lujala (Université d'Oulu) et Jason Houston (ILCP).
Activités et conférences à venir
Le Groupe de travail a soumis avec succès des propositions de sessions pour :
a) (Jaipur, mars 2020)
Titre de la session : Transformer le récit
Cette session vise à aborder les difficultés et les opportunités de la narration et des communications pour transformer les récits axés sur la peur et la rareté autour du changement environnemental, de la migration et des conflits en des initiatives et une intégration plus optimistes, informées et constructives.
b) le (Marseille, juin 2020)
Titre de la session : Planète en mouvement - Solutions écosystémiques pour les migrations et l'atténuation des conflits liés à la biodiversité en temps de crise humanitaire
Cette session consistera en un atelier sur le rapport du groupe de travail ainsi que ses conclusions et recommandations. Il est organisé en partenariat avec l’UICN Bangladesh et comprend une série d’études de cas sur le terrain (par exemple, le conflit des réfugiés et des éléphants à Cox’s Bazar).
Comment participer….
Appel à contributions pour des solutions basées sur la nature ou d'autres types de solutions
Les projets de conservation et autres types de projets sont invités à soumettre des contributions pour partager des expériences et des exemples mettant en avant des solutions basées sur la nature ou d'autres solutions abordant divers aspects des parcours de migration, y compris la prévention et la planification. Les projets n'ont pas besoin d'être focalisés sur les migrations pour offrir de précieux enseignements à tirer pour traiter ou relever les défis des migrations liées à la conservation, aux changements environnementaux et aux conflits. Les contributions peuvent être transmises jusqu'au 20 février 2020.
Appel à candidatures de pairs examinateurs
Le Groupe de travail recherche également des pairs examinateurs, l'examen du rapport devant avoir lieu d'avril à mai 2020. Veuillez contacter Elaine (Lan Yin) Hsiao et Galeo Saintz si vous êtes disponible et souhaitez participer.