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Article 05 Mai, 2020

Renaissance d'une aire protégée en République Démocratique du Congo

Aire protégée de catégorie V et VI, le Domaine de Chasse et Réserve à Hippopotame de Mangaï en RDC dispose d’un nouveau plan d’aménagement et de gestion grâce à la conduite d’un processus participatif et inclusif approfondi.

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Photo: Ïã¸ÛÁùºÏ²Ê¿ª½±½á¹ûÏÖ³¡Ö±²¥ / Corbett Nash

En bref

Soixante-seize ans après sa création initiale, le Domaine de Chasse et Réserve à Hippopotame de Mangaï (DCRHM) a connu un nouveau souffle, grâce à la mise en Å“uvre d’un processus participatif et inclusif approfondi qui a abouti à l'adoption d'un tout nouveau plan d’aménagement et de gestion. Le processus a rassemblé les détenteurs de droits ainsi que les principales parties prenantes concernées par le DCRHM. Lors de diverses rencontres, ces derniers ont conjointement identifié un large éventail de valeurs naturelles, historiques, culturelles et socio-économiques à prendre en compte pour la gestion de l’aire protégée. Afin d'explorer pleinement les questions clés de gouvernance, un groupe de travail sur la gouvernance a été mis sur pied, et les résultats d'une enquête sur l'utilisation des terres ont été discutés et validés lors Ìýd’un . Ces résultats ont par la suite été intégrés au nouveau plan d’aménagement et de gestion qui fût validé par toutes les parties prenantes avant son adoption officielle en décembre 2019.Ìý

Contexte

Le projet pour la stabilisation de l’utilisation des terres, financé par
l’Allemagne (), a été lancé en République Démocratique du Congo (RDC) en Mai 2017 avec l’organisation d’une mission multipartenaires dans le but de faciliter l’appropriation du processus par les partenaires locaux.

Le paysage ciblé était le DCRHM (superficie de 29804 Km²) à cheval sur deux provincesÌý:Ìý la province de Kwilu, en territoire d’Idiofa et la province de Mai-ndombe, en territoire d’Oshwe. Pour répondre à plusieurs défis socioéconomiques et environnementaux, le projet s’est fixé l’objectif de démontrer les avantages qui peuvent découler d’une meilleure utilisation des aires protégées de catégories V et VI en matière de conservation et de développement en suivant une approche paysage. Un des objectifs majeurs de ce projet portait sur l’élaboration et la validation d’un plan d’aménagement et de gestion (PAG) pour le DCRHM, qui était resté depuis plus de trois quarts de siècle sans un document codifié pour assurer sa gestion. Ce processus a été confié à l’Institut Congolais pour la Conservation de la Nature () quiÌý l’a conduit de manière participative et inclusive.

Un processus en quatre phases

(1) La préparationÌý

Cette première étape a permis de mettre en place une unité de planification pluridisciplinaire, composée du staff dirigeant du DCRHM, des représentants des communautés riveraines et de la société civile ainsi que des experts du Département Technique et Scientifique de l’ICCN. Au total, ce sont 35 personnes qui furent impliquées dans cette unité.

(2) La collection des données

La collecte de données a été effectuée de manière participative et inclusive tout en respectant les lignes directrices de la Commission Mondiale des Aires Protégées, ainsi que les règles et principes de l’ICCN. Une première sérieÌýde données a été collectée au cours des ateliers et les Ìýgroupes de discussion de réflexion et de concertation impliquant les différentes parties prenantes des territoires d’Idiofa et Oswhe.

Ensuite, une enquête faune a été menée au sein de l’aire protégée pour connaitre ses valeurs fauniques et culturelles.

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ICCN

Après la collecte des données, l’équipe du Département Technique et Scientifique de la Direction Générale de l’ICCN et l’unité de planification du site, en collaboration avec ±ô’U±õ°ä±· Kinshasa, ont procédéÌýà l’analyse de ces données etÌýàÌýla rédaction du plan. Cette façon d’impliquer le personnel du site avait pour objectif de co-responsabliser les acteurs de Mangaï et de mettre en avant-garde l’intelligence collective au service de ICCN en particulier, et du Ministère de l’Environnement en général.

La réserve n’ayant pas de données actualisées, cet exercice s’est avéré passionnant car tous avait le désir de mieux connaître l’état de faune dans la zone. Ces échanges ont poussé les experts à réfléchir et à faire des choix stratégiques portant sur les interventions d’aménagement de la réserve et sur la formulation des objectifs du plan de gestion

En plus des zones de conservation, l’exercice de cartographie a permis d’identifier les zones critiques ou très dégradées, les zones d’utilisation traditionnelles ou zones peu dégradées, les zones d’exploitation artisanales de bois d’œuvre ou zones jadis exploitées par les sociétés forestières ainsi que les zones touristiques. D’autres sources d’information issues des produits d’études ou des travaux conduits simultanément dans le paysage par ±ô’U±õ°ä±· et OCEAN (partenaire du projet) ont ensuite été utilisées pour approfondir ces analyses. Il s’agit des rapports portant sur la mise en place du groupe de travail sur la gouvernance, du rapport de l’enquête sur le dialogue de l’utilisation des terres et de l’évaluation des opportunités de restauration du paysage de Mangaï (MEOR). C’est en Septembre 2019 et à l’issue de cette réflexion, que la première version du plan d’aménagement du DCRHM a été produite.

(3) La validation au niveau local

Suivant les normes et procédures de l’ICCN, le plan d’aménagement et de gestion a été validé au niveau local puis au niveau national.

Pour sa validation au niveau local, le plan a été présenté à toutes les parties prenantes concernées au cours d’un atelier organisé dans la paroisse catholique de Mangaï le 14 Novembre 2019. Cet atelier de validation a mobilisé 81 personnes. Tous les secteurs administratifs étaient représentés par leur Chef Traditionnel (16% des participants).

Les membres du groupe de travail sur la gouvernance étaient représentés à hauteur de 20% des participants. Les communautés locales étaient représentées par les associations des utilisateurs des ressources naturelles. Environ 49% étaient les agriculteurs, 14% les chasseurs, 9% les exploitants du bois d’œuvre et 8% des pécheurs. Les autres groupes d’acteurs présents étaient composés des enseignants, des religieux, des chefs de terres et coutumier, des jeunes ainsi que du personnel de la santé (34%).

À l’aide d’une fiche d’évaluation portant sur le degré d’utilisation des bonnes et des mauvaises pratiques de gestion des ressources naturelles dans le paysage, cet atelier fut aussi l’opportunité de générer d’autres types de données et d’évaluer l’influence du projet sur l’attitude et le comportement des populations locales. Cette évaluation fut conduite de manière participative au sein de chaque secteur administratif concerné par l’aire protégée. Elle a montré globalement que l’utilisation des pratiques de gestion des ressources naturelles a changé que dans très peu de secteurs administratifs. Si les gens ont connaissance du Projet PLUS grâce à des activités de sensibilisation, il n’y a pas encore eu une grande influence sur le comportement des utilisateurs des ressources naturelles à abandonner les mauvaises ou à adopter les bonnes pratiques.

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Ïã¸ÛÁùºÏ²Ê¿ª½±½á¹ûÏÖ³¡Ö±²¥ and ICCN
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A ce niveau local, les populations ont décelé que le plan d’aménagement soumis à leur attention pour validation manquait encore d’informations. Il s’agit notamment les limites naturelles (rivières, grandes pistes) qui devraient définir la zone de conservation dans le secteur d’Oshwe, les données sur les routes agricoles et les voies d’accès à l’aire protégée. Les informations sur les valeurs culturelles étaient aussi très limitées pour orienter le tourisme culturel dans l’avenir. Finalement, il fut relevé que le plan ne prenait pas en compte l’intégration de certaines zones susceptibles d’influencer la gestion de l’AP, dont notamment le secteur de Madimbi. Au lendemain de l’atelier, les représentants du groupe de travail sur la gouvernance et les membres de l’unité de planification du site ont tenu une séance de travail pour l’intégration, dans le plan d’aménagement, des observations des parties prenantes. Le document validé au niveau local a été ensuite transmis au personnel de ±ô’U±õ°ä±· et à d’autres experts pour enrichissement.

(4) La validation au niveau nationalÌý

Le plan d’aménagement et de gestion a ensuite été présenté à d’autres acteurs, au cours d’un atelier organisé à Kinshasa en Décembre 2019. Cet atelier de validation a connu la participation des honorables députés nationaux, des administrateurs des territoires d’Idiofa et d’Oshwe, des représentants de ±ô’U±õ°ä±·, des représentants des organisations non gouvernementales intervenant dans le paysage d’Idiofa, de divers cadres de l’ICCN ainsi que du chef du site de Mangaï. Les députés et les administrateurs présents ont salué la pertinence du plan de gestion et ont porté des remarques sur la dénomination de certains villages et des limites des secteurs avant de procéder à sa validation.

La présence des députés de l’Assemblée Nationale à cet atelier a donné une autre signification à cet atelier pour avoir impliqué les acteurs du pouvoir législatif de la RDC. Les commentaires des participants ont été intégrés par une équipe restreinte d’experts. Le document complet est disponible et a été présenté à la Direction Générale de l’ICCN. Ainsi, le DCRHM est la sixième aire protégée en RDC à disposer d’un plan d’aménagement et de gestion validé au niveau local et national par toutes les parties prenantes.

Un plan pour l’avenir

Le groupe de travail sur la gouvernance, dirigé par la communauté est spécifiquement reconnu dans le plan de gestion comme étant responsable de la gouvernance de l’aire protégée au niveau local, ce qui accroît le pouvoir local et permet aux populations de faire respecter leurs droits dans l'ensemble du paysage. Le succès du processus qui a conduit à l’élaboration de ce plan de gestion peut influencer d'autres personnes dans le réseau des zones protégées de la RDC. Plusieurs parcs nationaux et réserves sont en train de développer ou de réviser leurs plans de gestion. A travers I'CCN,Ìýles leçons apprises du processus deÌýMangaï serviront de modèle précieux qui peuvent être dupliquer dans d’autres aires protégées.

Forest Brief, no.27 (en)

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Pour plus d’information

Gabriel ZABITI KANDOLO (ICCN, [email protected] )
ENDAMANA Dominique (UICN PACO, [email protected] )